samedi 16 mai 2009

L'historien Ch.-Ph. Courtois critique sévèrement le nouveau programme d’histoire au secondaire

L’historien Charles-Philippe Courtois, de l’Institut de recherche sur le Québec, signe une étude solide sur le nouveau programme d’histoire du Québec au secondaire.
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Le rapport Lacoursière, avait, en 1996, prescrit une augmentation du nombre de cours d’histoire obligatoires à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires, lesquels sont passés de deux à quatre. Le nouveau cours d’histoire nationale du Québec, préparé en 2006, devait répondre à l’obligation de traiter cette matière en deux ans au lieu d’une seule. Seulement, ce programme devait à présent s’inscrire dans le renouveau pédagogique.

Une fuite dans Le Devoir en avril 2006 révéla la nature « post-nationaliste » de ce programme désormais rebaptisé « Histoire et éducation à la citoyenneté » – beau paradoxe que celui d’éduquer à la citoyenneté et à la démocratie en faisant abstraction du peuple au cœur de cette histoire et de ce régime. Le tollé fut tel que le ministère de l’Éducation s’engagea à apporter des modifications au contenu du programme, réintégrant notamment de grands événements liés à la question nationale, modifiant quelques titres de modules.

Le nouveau programme, avec ces ajustements, est enfin paru en 2007. Mais au-delà de quelques modifications apportées en réaction au scandale suscité, comment jauger ce nouveau programme, celui par lequel les enfants québécois apprendront leurs rudiments d’histoire du Québec et du Canada ? Les modifications apportées l’ont-il dégagé de son orientation post-nationaliste, voire multiculturaliste à la canadienne ?

À la lumière d’une étude exhaustive du programme Histoire et éducation à la citoyenneté et du Programme de formation de l’école québécoise dans lequel il s’inscrit en fonction de la logique des compétences, il est patent que ce programme transmet encore une vision intégralement dénationalisée, et ce, à un degré qui en étonnera plusieurs. De fait, la mention, sans plus, de quelques dates, et la modification des titres de certains modules n’ont en rien rectifié l’économie générale du programme. Ce programme occulte entièrement le sujet national, autant dans les moments d’affirmation que dans les moments difficiles.

Ainsi, le rapport Durham est « oublié » comme tout un pan de la Révolution tranquille, soit l’affirmation nationale de cette époque. Ce constat est renforcé par la comparaison avec l’ancien programme. La vision amnésique de notre histoire proposée dans le nouveau programme est modelée de façon extrêmement compatible, en pratique, avec une identification au multiculturalisme canadien plutôt qu’au creuset québécois.

Le Québec n’est plus une nation membre de la confédération canadienne mais un agrégat d’identités éclatées rassemblées dans une fédération canadienne et une province caractérisée par la dualité linguistique. À bien des égards malhonnête, ce nouveau programme mérite d’être vigoureusement dénoncé pour ce qu’il occulte : tout référent national. Cette ablation de la mémoire québécoise apparaît dépourvue de légitimité démocratique.
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Rapide revue de presse réalisée par Carl Bergeron :

A. Robitaille. « Courchesne défend le cours d’histoire », Le Devoir, 14/5/09.
K. Lapare. « History course leaves out huge parts of Quebec history », The Canadian Press, 13/5/09.
Radio-Canada. Maisonneuve en direct, « Controverse autour d’un cours d’histoire », 13/5/09.
R. Nadeau. « Cours d’histoire : la ministre Courchesne réfute[rait] les critiques , La Presse Canadienne, 13/5/09.
M. Allard, « Le nouveau cours d’histoire critiqué dans une étude », La Presse, 12/5/09.
M.-A. Séguin, « Le récit national toujours écarté », Journal de Québec, 12/5/09.

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